Le triangle doré tracé sur le plateau ainsi que les lumières qui baignent Impair retissent les liens invisibles avec ses ancêtres et les rites de La Réunion où les esprits planent encore sur les corps. Avec Impair, le danseur et chorégraphe Jérôme Brabant rend hommage à ses arrière-grands-parents, « des tisaneurs » qui connaissaient et savaient associer des plantes médicinales, toujours en nombre impair, pour soigner ou apaiser la douleur. Accompagné par la voix du musicien David Fourdrinoy, percussionniste improvisateur, l’artiste impulse une danse incantatoire, physiquement liée aux rythmes. Un bras entoure le corps, l’enroule, lui donne la cadence sur une mélopée tropicale, lente, répétitive. Les gestes quotidiens de couper, manipuler, peser les plantes et les herbes en train de bouillir innervent les mouvements de Jérôme Brabant dont les mains fines conduisent la valse lente de sa danse circulaire. À La Réunion, « tisaner » signifie aussi envoûter et Impair, porté par une langueur magnétique, nous entraîne dans une sorte de transe qui apaise aussi.