Figure majeure d’une très créative « nouvelle » scène libanaise, Khouloud Yassine s’empare de la question du corps et du pouvoir dans une performance aussi puissante qu’intrigante. Comment se font et se défont les héros ? Comment les foules se retrouvent happées, hypnotisées, littéralement ensorcelées par l’image de l’idole ? Comment, par la chute de ce corps, s’annonce la chute de ce pouvoir ? Autant de questionnements directeurs que Heroes – Surface of a Revolution pose sur le plateau. 

Dominant les spectateurs, sur un podium installé à même la scène, Khouloud Yassine ne quitte jamais le public des yeux et impose sa présence physique. Subrepticement, presque imperceptiblement, elle se métamorphose, de par les mouvements qu’elle imprime à son corps, à tout son corps, des hanches jusqu’au port de tête. Elle devient un être à part, une héroïne, une icône dont nous suivons les moindres gestes, incarnation même de l’inaccessible galvanisant.

Évoquant des gestes de pop stars et de sportifs, entre Beyoncé, Michael Jackson, Muhammad Ali, ou encore l’ombre de dictateurs du XXe siècle, sa performance renvoie à des inconscients collectifs, à des imaginaires invisibles. Mais après avoir créé son image, Khouloud Yassine la détruit, inverse la trajectoire de sa victoire et met en scène sa propre chute, tout aussi imprévisible que son ascension.

Dans un monde surchargé d’images, une pièce d’une intensité magnétique qui ne laissera personne indifférent.