« Nous tissons une existence faite de nœuds, motifs, contrepoints, mailles perdues et trous reprisés, avec des fils tendus et distendus, qui nous sont transmis et que nous agençons à notre tour. Parce qu’une des premières formes artistiques inventées par l’homme serait issue d’un tissage, j’aime croire que nous avons gardé en mémoire cette œuvre matrice, mémoire du monde et maillage idéal de nos cultures. » De cette analogie textile, Marine Mane déroule une partition plurielle qui relie la danse, la musique et l’art du tissage dans un savant tressage. 

Traduisant les trames textiles en portée musicale, les mouvements du fil en gestes chorégraphiques et les notes en liages, KNIT (qui signifie « tricotage » en anglais) noue des liens entre les disciplines pour composer sous nos yeux une nouvelle matière, souple, sensuelle et vivante.

Sur le plateau, portées par la musique de Karl Naegelen, les quatre danseuses façonnent une gestuelle qui s’ajuste aux boucles du quatuor à cordes. Dans cette œuvre commune, KNIT montre comment le mouvement et la texture musicale peuvent être déployés à la fois par les danseuses et les musiciennes. Et puisque tout est affaire de fils à relier, la pièce puise aux sources des pratiques traditionnelles du tissage pour en capter la gestuelle et le processus, en s’appuyant sur une structure répétitive. Un canevas au fort pouvoir d’évocation poétique qui rappelle, une nouvelle fois, que le métissage des différences nous rend plus solides et plus riches.