« Kèmè-Kèmè » est une adresse scandée par les vendeurs de Bamako pour héler les chalands. Après avoir séjourné en Afrique de l’Ouest, Delphine Gatinois, artiste visuelle, aborde les questions économiques et politiques du Mali, rendues encore plus aigües depuis l’embargo décrété en 2022, dans le projet intitulé L’échine du chapiteau. Alliant photographie argentique, matériaux textiles et vidéo, elle développe tout un travail plastique pour produire et mettre en scène des objets symboliques qui nous renvoient à la situation des pays du Sahel.

Fascinée par le marché de Bamako où résonnent les « kèmè-kèmè », répétés de loin en loin, telle une trame sonore qui imprègne ce poumon économique de la ville, Delphine Gatinois poursuit ses recherches sur les liens entre héritage colonial et réalité d’aujourd’hui. Dans le cadre du week-end des Ateliers d’artistes, elle présente, avec la complicité du danseur et chorégraphe malien Salif Coulibaly, une installation percutante, activée par une performance à deux reprises dans la journée. Sur le plateau, boucliers photographiques, bâches, parasols ou gamelles de pesée convoquent les dédales fantomatiques du grand marché Bamako, tout en faisant un lointain écho au marché d’Orgeval, disparu il y a bien longtemps.