Artiste multidisciplinaire, Franck Vigroux façonne un langage scénique qui conjugue intimement la musique, la danse et les arts visuels. Dans un univers sombre à l’esthétique post-apocalyptique, ses pièces s’ancrent toujours en profondeur dans le champ sensoriel. Après Flesh et Forêt, Chutes nous plonge ainsi dans une atmosphère crépusculaire où la musique hypnotique accompagne l’errance de trois personnages au fil d’une épopée métaphysique. Échappant à toute classification, « Chutes est d’abord une forme musicale et une expérience synesthésique. Il est probable que la formule “ opéra électronique ” lui convienne le mieux » souligne son concepteur. Sur le plateau, le réel semble se dérober. La voix envoûtante du contre-ténor Loïc Varanguien de Villepin s’envole sur la noise music, les mouvements tout en lenteur des deux performeuses-danseuses serpentent entre les ondes électroniques, scandés par des lumières tranchantes. Aux frontières du fantastique, avec ses visions déformées et ses hallucinations, le spectacle prend la forme d’une traversée initiatique, comme un mystérieux passage rituel. Une expérience qui stimule la perception autant que l’imaginaire du public, happé dans un maelstrom de sensations.