Fildefériste aguerrie, Marion Collé est aussi poétesse. Elle a choisi de faire résonner ses deux pratiques dans Traverser les murs opaques, titre à la fois de son nouveau spectacle et de son dernier recueil publié aux éditions Bruno Doucey. Ce désir de cirque et de poésie entremêlés sert un spectacle-manifeste, un appel pour déchirer l’opacité, transmettre l’énergie du soulèvement et lutter contre l’immobilisme face aux bouleversements du monde. Sur le plateau, cordes, trapèze et fils tendus dessinent un dispositif sur mesure pour les cinq circassiennes spécialisées dans les agrès aériens. Des nuages de fumée, sculptés par la lumière, tracent un réseau de lignes sur lesquelles les corps féminins évoluent entre suspension et fragilité de l’équilibre. Dans cette atmosphère en clair-obscur, se déploie un univers onirique, traversé par les poèmes vibrants de Marion Collé, le chant du violon et la fine géométrie des corps en mouvement. Qu’elles se suspendent dans les airs ou marchent sur le fil, esquissent des rêves ou boxent la fatalité, les interprètes défient l’attraction terrestre, en une succession de tableaux hypnotiques. Dans cette échappée vers la lumière, Traverser les murs opaques offre une traversée aérienne des inquiétudes de notre époque, qui donne de l’élan pour imaginer le monde de demain.