Avec ce premier projet en solo, Rebecca Journo questionne l’image de la mariée et se joue de l’idée du mariage, non comme apogée mais plutôt comme contexte propice à la déception, voire même à l’épouvante. À l’instar du Melancholia de Lars Von Trier, L’Épouse se saisit d’un instant presque obligatoirement associé au bonheur et à l’épanouissement pour l’amener vers un climat cauchemardesque.

Inspirée par l’univers des marionnettes, la chorégraphe développe un langage physique basé sur le concept de la manipulation du corps tout en plaçant la représentation de soi au cœur du spectacle. C’est là l’axe majeur de ce travail qui met en avant l’aliénation provoquée par l’acte même de se représenter.

À travers cette marche nuptiale où le corps se désintègre à mesure qu’il se rapproche du public, Rebecca Journo visite avec force l’espace entre la réalité et le fantasme, dans un crescendo émotionnel, accentué par la montée du son et la saturation du geste. Perdue dans le regard de l’autre, tiraillée entre différents espaces, L’Épouse avance tant bien que mal. À la croisée du spectacle et la performance, ce solo intense et troublant interpelle le spectateur pour le renvoyer à son propre imaginaire…