FAUSTIN LINYEKULA / STUDIOS KABAKO
artiste associé 2018 - 2021
Danseur, chorégraphe et metteur en scène, Faustin Linyekula est artiste associé du Manège depuis septembre 2018. Auteur d’une quinzaine de pièces qui ont été présentées sur les plus grandes scènes et festivals internationaux, il a créé à Kisangani les Studios Kabako, un lieu de recherche et de création multidisciplinaire, véritable laboratoire pour toute une génération d’artistes africains. Cette idée de partage se retrouve depuis deux ans à Reims et dans la région autour des créations, rencontres et ateliers qui ont permis de multiplier les liens avec différents publics et de découvrir la vitalité d’une nouvelle scène congolaise.
Que représente pour vous le fait d’être artiste associé au Manège ?
F. L. : C’est d’abord la possibilité de s’inscrire dans la durée, dans une ville, dans une région. Pour mon propre travail, je ressens la nécessité d’être dans un endroit. Le projet des Studios Kabako, à Kisangani, s’appuie sur l’idée de compagnonnage sur le long terme et au quotidien. Se pose alors la question du lien au contexte, la manière d’articuler ce travail sur un territoire différent. Au-delà des spectacles, l’enjeu est de tisser des liens entre des artistes, un espace, un public, de créer un rapport intime avec les spectateurs. Et cette rencontre a eu lieu à Reims.
Quels sont vos souvenirs les plus intenses de vos deux premières saisons à Reims ?
F. L. : Mon premier atelier à Reims avec un petit groupe de personnes dans une situation de grande précarité. J’y ai rencontré un photographe syrien, réfugié depuis peu en France, dont le regard, la manière de capter les émotions, sont restés en moi. Il y a eu ensuite la représentation de Statue of Loss, une pièce consacrée au parcours de 32 soldats congolais tués durant la Première Guerre mondiale, donnée au Parc de Champagne devant le Monument aux héros de l’Armée noire. Un moment très fort émotionnellement où j’ai eu la sensation de participer, de manière modeste, au mouvement engagé pour la mémoire des combattants africains. Enfin, le concert chorégraphié pour la Fête de la Musique en juin 2019 à Orgeval a été une formidable expérience, une mise en partage de la danse et de la musique avec tous les habitants du quartier.
Pour cette troisième et dernière saison, quels sont vos projets et vos envies ?
F. L. : Continuer à aller à la rencontre d’un territoire et de ses habitants, partager des projets construits avec mes compagnons de route des Studios Kabako et présenter une création très personnelle qui raconte ma propre histoire du théâtre, à travers l’épopée du Ballet national du Zaïre créé en 1974, l’année de ma naissance, et qui a nourri mes rêves d’enfant. Avec Yves Mwamba, nous allons aussi développer un projet participatif dans le quartier du Chemin Vert. Après la crise sanitaire que nous venons de traverser, il me semble essentiel de réfléchir, tous ensemble, à comment on se retrouve, comment le théâtre, la danse, une certaine idée du partage, doivent se réinventer. À la fin de ce parcours avec le Manège, j’espère rester dans quelques corps, quelques têtes, quelques cœurs et revenir très vite
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