DANSE
CRÉATION 2022
03 04.02
Sian est un solo cathartique, un cri de souffrance et de révolte contre les violences faites aux femmes. Danseuse et chorégraphe ivoirienne, Tatiana Gueria Nade met son corps en première ligne dans une performance engagée qui appelle à la lutte et à l’éveil des consciences.
Sian signifie cicatrice en wobé, langue d’une ethnie située à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Ce sont ses propres cicatrices que Tatiana Gueria Nade laisse sourdre par tous les pores de sa peau dans un solo à l’énergie dévastatrice : « Je viens d’une, deux, trois, quatre, plusieurs cicatrices... une vie faite de blessures et de déchirures. Je suis une femme et je veux qu’on m’écoute. » Née en Côte d’Ivoire, la chorégraphe et danseuse prend la parole par le corps pour porter les voix de celles qu’on fait taire, pour interroger les violences faites aux femmes, pour faire entendre les silences et voir les cicatrices. Sur scène, elle déploie une gestuelle libératrice, une danse brute et c’est tout à coup un orage, une rage qui explose dans les convulsions du corps. Ce corps-là, à vif, porte les strates d’une histoire mise à nue au plateau, celle des abus sexuels, des coups, de la domination masculine, de l’indifférence coupable.
Pour dire l’indicible, plusieurs voix off accompagnent Sian : un manifeste que Tatiana Gueria Nade a écrit en bambara (langue malienne) et un extrait d’une interview de Delphine Seyrig en 1972 où l’actrice dénonçait violemment le sexisme. Portée par ces mots de douleur et de révolte, la proposition se veut à la fois expression d’une colère individuelle et collective trop longtemps enfouie et une volonté précieuse d’aller vers une émancipation nécessaire.