MARIONNETTE
PATRICK SIMS
Hilum
Rafraîchir le linge sale des contes de fée est l’objectif de Patrick Sims dans Hilum. Rythmé par les cycles d’une machine à laver, ce récit de marionnettes d’un genre inédit se déroule dans le sous-sol d’un musée d’histoire naturelle envahi par la blancheur du linge et peuplé d’une faune espiègle et grinçante : des petits personnages à fils et tête d’os qui n’en font qu’à leur tête.
Hilum est une micro tragédie comique qui parle d’enfance et d’exclusion sur un mode intrigant et farceur. Dans cette cave peuplée de gosses adorables et dissipés s’affairent des blanchisseuses au travail. Mais l’étrange garderie se détériore à vue d’œil. Dans le chaudron, le blanc se mêle aux couleurs, la laine est rincée à l’eau chaude… et la récréation tourne au vinaigre. Inquiétude, étonnement, affection, un mélange de sentiments gravite autour des personnages petits et grands. Des marionnettes aux quatre manipulateurs tantôt invisibles ou masqués.
Avec son mélange de comptines, d’images de dessins animés, d’objets hétéroclites, voire même de locutions enfantines, Hilum déploie son univers singulier comme un terrain de jeu aux multiples énigmes. Il y a déjà son titre bizarre. Emprunté au monde des sciences, médecine, biologie ou botanique, il désigne la marque d’une attache vitale, comme le nombril chez l’Homme. Non moins étrange est le nom imprononçable de la compagnie du metteur en scène, cofondée en 2010 avec Josephine Biereye, l’artiste allemande qui crée masques et costumes des spectacles. Elle s’appelle Les Antliaclastes, littéralement, les « casseurs de pompes ». Un hommage à Alfred Jarry dont l’esprit habite le jeune auteur américain. Petite machine à enchantement, Hilum se regarde comme on ouvre un coffret magique.